Jolis jolis monstres

jolis jolis monstres

Titre: Jolis jolis monstres

Auteur: Julien Dufresne-Lamy

Editions Belfond, 416 pages

Résumé

Certains disent qu’on est des monstres, des fous à électrocuter.
Nous sommes des centaures, des licornes, des chimères à tête de femme.
Les plus jolis monstres du monde.

Au début des années sida, James est l’une des plus belles drag-queens de New York. La légende des bals, la reine des cabarets, l’amie fidèle des club kids et des stars underground. Quand trente ans plus tard il devient le mentor de Victor, un jeune père de famille à l’humour corrosif, James comprend que le monde et les mentalités ont changé.

Mon avis

Ce livre (enfin ma liseuse) m’est tombé entre les mains par hasard, grâce au comité de lecture Cultura et à bon nombre de très bons avis. J’avais terriblement envie de découvrir ce monde que je ne connais absolument pas, celui des drag queens.

À Atlanta, James a quatorze ans lorsqu’il devient Lady Prudence, et commence à se fondre dans le milieu drag queen. Il adore ça, cette sensation d’être quelqu’un d’autre sur les planches, quelqu’un de beau, avec ses manières, son chic, ses codes. Il rêve de plus grand, alors il part à New York.

En parallèle, nous découvrons Victor, dans des années plus proches des nôtres, esquinté par la vie aussi, renié par son père lorsqu’il se fait surprendre en train d’essayer les fringues de sa mère.

Ces deux-là vont se rencontrer, l’élève et le maître, la fille et la mère, et entremêler leurs histoires au fil des pages. C’est magistralement bien fait!

Le plume de Julien Dufresne-Lamy est directe, balancée en pleine tronche du lecteur. Il nous peint ce paysage new yorkais à travers les yeux de James/Lady Prudence et de Victor/Mia. J’ai adoré découvrir ce milieu underground, sans filtre, de ceux qui ont fait partie de la culture des années 80. Je n’y connais rien aux drag queens, j’ai juste vu Priscilla folle du désert quand j’étais gosse, et dansé sur Let me be a drag queen et franchement, ça ne représente vraiment pas grand chose. Ce milieu m’est totalement inconnu, et dès les premières pages de ce livre, je me suis sentie tellement bien avec James et son passé, ses anecdotes, ses galères, ses shows, ses malaises… C’est purement authentique, c’est réel, sans chichi, sans enrobage ni belles phrases. L’auteur nous claque son roman devant la face, on en prend plein les yeux et on adore ces monstres, ces magnifiques monstres!

J’ai beaucoup aimé le style original de la narration qui alterne entre première et seconde personne du singulier. C’est rare et l’auteur manie très bien cette alternance. Nous sommes vraiment avec James et Victor, ils se parlent, et nous sommes au milieu. Ils nous entrainent dans ce monde passé avec James et présent avec Victor, pour comparer deux époques. Celle des années 80, vraie, authentique et l’arrivée terriblement réelle du virus du SIDA. Et celle des années 2000, où le milieu drag queen est bouffé par le fake, la télé-réalité et où être drag n’a franchement plus le même goût… Ce livre dénonce aussi les violences faites aux LGBT+ et nous replace dans une triste réalité.

C’est violent, beau, pailleté, grand, libéré, assumé, bariolé, froufrouté, talonné, et bordel c’est génial!

Conclusion

Un Goncourt ça serait pas mal non?… arf non, pas besoin de prix pour faire du bruit, et je suis sûre (j’espère!) que celui-ci en fera beaucoup!!! Foncez le lire, sans à priori, sans jugement, laissez-vous surprendre par James et Mia, par ces monstres formidables!

2 commentaires

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